PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
À partir d’une enquête sur plusieurs spectacles de Dieudonné, cet article analyse l’articulation entre l’antisémitisme et une critique réactionnaire des sociétés occidentales centrée sur la disparition des normes hétérosexuelles. Nous montrons que l’adhésion à cette articulation est d’autant plus forte qu’elle s’exprime dans l’espace-temps des représentations publiques, où Dieudonné met en scène sa stigmatisation tout autant qu’il la transcende. Dans l’interaction avec un public se sentant également stigmatisé, se constitue ainsi une « communauté déviante », à travers la transgression d’« interdits » perçus comme participant de l’effondrement moral des sociétés occidentales.
A partir d'une enquête empirique dans une cité de logements sociaux à Buenos Aires, l'article explore le travail de légitimité interne des habitants sans titre de logement pour accéder à un statut juridique plus solide. Se concentrer sur les relations entretenues entre les habitants et l'Institut du logement, c'est découvrir la fabrique d'un ordre consenti, négocié, qui tend vers une régularisation locative. Dès lors, la mise en ouvre de règles n'est pas simplement le produit d'une action venant du sommet de l'administration, ni des stratégies unilatérales des agents subalternes. Elle est tout autant le fait des habitants qui mobilisent les règles légales et les « passe-droits » qu'elles recèlent (Lascoumes, Le Bourhis, 1996). Plus qu'un espace de déviance et d'« informalité », la cité se présente à l'observateur comme le terrain d'un montage de légalité centré sur des pratiques d'occupation qui tendent à être normalisées.
En s'appuyant sur une série d'observations ethnographiques, cette contribution s'intéresse à la gestion des conduites sexuelles et de la cohabitation entre les sexes dans un centre de rétention administrative pour étrangers éloignés du territoire. La gestion de la différence sexuelle y est d'autant plus complexe que les centres de rétention constituent des espaces non pénitentiaires où la discipline doit s'exercer souplement. Après avoir présenté le régime « libéral » d'enfermement, l'article revient sur des situations où les gestionnaires du centre ont dû eux-mêmes définir la norme du « bon » rapport entre les sexes. Ils sont alors placés dans une tension entre la stigmatisation des pratiques généralement jugées déviantes - notamment la prostitution - et leur acceptation dans le contexte d'un lieu de confinement prolongé.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 33, n° 2, pp. 205-219.
Mots clés : Tabagisme, Sociologie, Déviance, Précarité, Enquête, Entretien, Motivation, Risque, Culture populaire, Classe sociale, Ouvrier, Déni, Responsabilité, Prévention sanitaire
Dans les pays développés, le tabagisme est devenu une pratique déviante, qui persiste surtout dans les milieux défavorisés. A partir de 31 entretiens menés avec des fumeurs pauvres du Sud de la France, cet article examine comment ceux-ci justifient leur pratique et jugent la lutte antitabac. Même s'ils reconnaissent leur dépendance, ces fumeurs affirment que la cigarette satisfait des besoins essentiels, ils relativisent les risques et critiquent l'industrie du tabac et les pouvoirs publics. Ces justifications sont à la fois ancrées dans la culture du risque contemporaine et dans la culture ouvrière, ce qui rend sans doute ces fumeurs peu perméables aux discours préventifs.