PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Paru dans la revue Nouvelle revue de psychosociologie, n° 32, automne 2021, pp. 71-84.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Approche historique, Bénévolat, Bientraitance, Capitalisme, Conditions de travail, Coopération, Économie, Hôpital, Implication personnelle, Infirmier, Lien social, Méthode de travail social, Organisation du travail, Politique, Productivité, Qualité, Sociologie, Soin, Règle, Relation soignant-soigné, Travail
Cet article porte sur les transformations de l’organisation du travail des infirmières depuis le tournant des années 1980. À partir d’une analyse de la littérature en économie politique et en sociologie et de l’utilisation de documents de la littérature grise relative à la pratique du soin, la première partie montre que les transformations de l’organisation du travail des infirmières survalorisent la part technique de celui-ci. L’article montre ensuite que cette survalorisation s’inscrit dans un phénomène plus large de taylorisation du soin, considéré comme une organisation du travail au service du contrôle sur les connaissances nécessaires à la production. L’article montre enfin que le « virage ambulatoire », débuté durant les années 2000, illustre bien ce basculement vers une taylorisation du soin et le renforce en redistribuant l’importance relative de certains types de travail, le travail technique contre le travail inestimable.
Paru dans la revue Actualité et dossier en santé publique, n° 110, mars 2020, pp. 11-60.
Mots clés : Santé-Santé publique, Qualité de la vie, Travail, Établissement de santé, Hôpital, Management, Conditions de travail, Accompagnement, Équipe soignante, Infirmier, Qualité, Soin, Organisation du travail, Souffrance psychique, Innovation
Finalisé en janvier 2020, ce dossier souhaite mettre en lumière l’importance d’un accompagnement favorable à la qualité de vie au travail des professionnels de santé. Entre-temps, la pandémie de la Covid-19 s’est installée, mettant à l’épreuve l’ensemble de la population et de notre système de soins. En soi, la difficulté de l’épidémie n’est peut-être pas tant de gérer le risque (les professionnels y sont préparés et formés), mais davantage d’inventer in vivo un management de l’incertitude liée à un risque inconnu, contraignant à décider malgré des informations contradictoires, parcellaires, fluctuantes. Nous avons eu peur collectivement du chaos. Il ne s’est pas produit grâce à l’intense mobilisation des acteurs de la santé, confrontés en première ligne à un afflux massif de patients. Dans l’urgence, les professionnels ont fait émerger des coopérations interprofessionnelles insoupçonnées, ont innové pour établir des plans de continuité des soins, ont trouvé des solidarités auprès de la réserve sanitaire, de l’armée, des entreprises (appels aux dons) et des citoyens (« protégez les soignants, restez chez vous ! »). Cette épreuve « hors norme » est un révélateur des capacités individuelles de résistance de nos professionnels, mais aussi des capacités collectives de résilience de nos organisations de santé en dépit de conditions initiales souvent défavorables.
Notre responsabilité commune est d’engager dès à présent une sortie par le haut de cette crise sanitaire. Créer rapidement des espaces de retour d’expérience est une priorité afin de comprendre les erreurs tant conjoncturelles que structurelles de nos politiques et choix organisationnels en matière de santé. Prendre le temps de l’échange avec chacun pour qu’il puisse exprimer son vécu du travail est une exigence humaine à défendre. Des épisodes aigus d’engagement peuvent redonner du sens au travail autant qu’accoucher de désillusions. Adopter un regard bienveillant est une posture nécessaire pour tirer parti des succès obtenus et des obstacles organisationnels levés. Au final, il est vital pour notre système d’enclencher cette discussion « thérapeutique » sur le travail, ses ressources et ses conditions d’exercice. N’est-ce pas là le b.a.-ba du « prendre soin des professionnels de santé » ?
Ce dossier sur la qualité de vie au travail et ses modalités d’accompagnement arrive donc à point nommé pour le « Ségur de la santé » afin de nourrir cet effort salutaire de reconstruction du travail de nos professionnels de santé.
Paru dans la revue Nouvelle revue de psychosociologie, n° 29, printemps 2020, pp. 195-209.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Altérité, Analyse de la pratique, Approche clinique, Autodiscipline, Conditions de travail, Contrôle, Émotion, Empathie, Épanouissement, Groupe de parole, Infirmier, Lien social, Narcissisme, Organisation du travail, Personnalité, Pouvoir, Psychologie, Recherche, Travail, Emprise
Cet article propose de s’intéresser à la question de l’emprise au sein des organisations dans le contexte d’évolution des logiques institutionnelles et sociétales évoluant du disciplinaire vers le contrôle. S’appuyant sur l’émergence symptomatique de la psychologie dite « positive » et de leur clinique de superviseurs en institution, les auteurs chercheront à mettre en lumière la tendance à l’auto-emprise, impliquant un contrôle sur soi-même, mise au service de l’organisation. Ainsi, ils situeront la notion d’emprise dans ses aspects psychopathologiques. Ils montrent ensuite en quoi le dispositif sociétal actuel amène aussi bien à agir en profondeur de l’inconscient individuel qu’à opérer un renforcement des valences cognitives de l’empathie. Ceci les amenant à proposer et discuter l’expression paradoxale d’empathie opératoire comme reflet des métamorphoses contemporaines à l’œuvre.
Paru dans la revue Nouvelle revue de psychosociologie, n° 29, printemps 2020, pp. 185-194.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Changement, Conditions de travail, Éthique, Évolution, Hôpital psychiatrique, Infirmier, Méthodologie, Organisation du travail, Pouvoir, Pratique professionnelle, Prise en charge, Psychiatrie, Recherche, Relation soignant-soigné, Service public, Travail, Violence institutionnelle, Emprise
La violence gestionnaire pénètre aujourd’hui l’espace de l’hôpital psychiatrique. Les professionnels de santé sont en première ligne des transformations gestionnaires de l’hôpital et les usagers sont tout autant concernés. À partir d’une enquête de terrain d’une année au sein de deux établissements psychiatriques ainsi que d’une centaine d’entretiens avec des professionnels de santé et des usagers de la psychiatrie publique hospitalière, cet article décrit, dans une perspective clinique de l’activité, le processus de renouvellement de l’emprise psychiatrique. Il témoigne de la manière dont se construit une frontière entre soignants et usagers et ouvre des perspectives en matière de sortie de ce processus mortifère.
Depuis quelques années les suicides sur le lieu de travail ou en lien avec les situations de travail interpellent. Les causes sont-elles à explorer dans le milieu du travail, la vie extraprofessionnelle ou des pathologies préexistantes ? Dans des établissements de soin sous tension, les soignants sont pour leur part exposés au risque spécifique de fatigue compassionnelle. Dans ce contexte, la prévention concerne directement la qualité du travail, les échanges dans le collectif et le rôle facilitateur de l'encadrement.
Article de Philippe Carré, Olivier Charbonnier, Jean François Roussel
Paru dans la revue Education permanente, n° 207, avril-juin 2016, pp. 5-71.
Mots clés : Accompagnement de la personne et identité, Apprentissage, Sujet, Rapport, Savoir, Société, Formation, Adulte, Pédagogie, Compétence sociale, Compétence, Compétence professionnelle, Organisation, Travail, Infirmier, Individu, Gestion, Santé, Vieillissement, REFLEXIVITE
Après une introduction centrée sur l'évolution des conceptions qui mène à l'hypothèse de l'apprenance comme culture émergente aujourd'hui, les enjeux sociaux de la questions sont traités à travers les prismes des mutations du travail, des compétences dans les organisations, de la gestion de sa propre santé, de l'apprentissage des langues et de la relation entre apprentissage et avance en âge.
Cet article a pour objet les relations de travail à l'hôpital et pour thèse que la mobilisation collective n'est pas que contestataire mais peut être aussi consensuelle. Pour étayer ce propos, les formes de mobilisation contestataire sont d'abord recensées dans l'univers soignant et différents facteurs sont examinés pour expliquer leur rareté empirique. La soumission (de classe, de genre, etc.) ne peut à elle seule rendre compte de la modération des conflits à l'hôpital. La dimension symbolique du service public et la dimension pratique du care, pertinentes dans ce cadre, jouent un rôle ambivalent. L'examen des contextes organisationnels permet alors de développer une argumentation pour expliquer le « silence » des infirmières, en identifiant des modalités et des conditions d'une dynamique de mobilisation que nous appelons consensuelle : la coopération intense dans certains services, les campagnes participatives pour la qualité des soins, la coordination interprofessionnelle autour de projets ad hoc et l'effet d'entraînement de représentations pratiques nées de mobilisations (consensuelles) antérieures. Autant d'éléments au coeur du travail soignant qui participent à créer une adhésion à une activité professionnelle pénible et utile, même si ces responsabilités locales ne font que reposer au plan général la question du périmètre d'action des soignantes à l'hôpital.