PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Les jeunes « radicalisés » sont confrontés à des mouvements de questionnements internes et externes, comme grand nombre d’adolescents, sur leur filiation, leur identité. Leur engagement dans cet horizon guerrier s’inscrit autour de menaces psychiques inexorables face à des impensés dans leur histoire individuelle et collective. Appuyé par une méthodologie complémentariste, l’article analyse la situation de deux jeunes hommes confrontés à des reviviscences traumatiques de non-dits familiaux et la réactivation de mouvements internes et externes non maîtrisables. Malgré la tentative de maîtriser ces menaces, la radicalité semble renvoyer à une violence sociale et politique menaçante.
Article de Francis Saint Dizier, Michel Vignes, Mohamed Ghaouti
Paru dans la revue Empan, n° 123, septembre 2021, pp. 111-119.
Mots clés : Justice-Délinquance, Radicalisation, Adolescent, Violence, Jeune en difficulté, Projet individualisé, Vulnérabilité, Mort, Emprise, Prévention, Islam
Le RAP 31 est un dispositif de clinique indirecte concertée, financé par l’ARS, la Protection judiciaire de la jeunesse et le conseil départemental. Il vient en aide aux professionnels pour la lecture clinique, l’élaboration et la coordination de projets individuels concernant des adolescents à difficultés multiples. La grande majorité de ces jeunes présentent, si on se réfère à une abondante littérature, de nombreux signes de vulnérabilité pour la radicalisation violente et en particulier djihadiste. Malgré notre ignorance quant au pronostic, il apparaissait utile, au moins pour éviter des points aveugles dans notre propre pensée, de contribuer, par un témoignage, à la réflexion sur ce thème.
Paru dans la revue Empan, n° 123, septembre 2021, pp. 40-48.
Mots clés : Justice-Délinquance, Radicalisation, Adolescent, Culture, Jeune, Repère, Environnement social
Loin d’un basculement dans la folie ou d’un embrigadement sectaire, le phénomène de radicalisation parle d’un processus intrapsychique et sociétal qui met en résonance une négation de l’Autre et une idéologie de l’effacement. Les discours radicaux sont aussi à entendre comme un processus de survie de jeunes à la recherche de repères.
Les radicalités inquiètent, celles de nos adolescents en particulier. Or la radicalité, cette quête d’idéal et d’idéalité, est à lire du côté de la nécessité. L’adolescence est un moment fondamental de l’engagement, au sens de l’appropriation subjective d’une réalité jusqu’ici contemplée ou subie. L’adolescent nous dit avec force qu’il est de notre monde, et qu’il est donc légitime à agir sur lui et sur nous. Nous devons accueillir et accompagner ce mouvement avec lucidité et bienveillance, respect et curiosité.
Paru dans la revue Pensée plurielle, n° 51, 2020, pp. 97-107.
Mots clés : Travail social : Métiers, Intervention sociale, Parents, Adolescent, Radicalisation, Prévention, Résilience, Réseau Virage, Grand Est
L’auteure présente une expérience professionnelle construite en équipe interdisciplinaire et en réseau d’acteurs de santé publique et de cohésion sociale. Elle pose dans un premier temps la question du pluriel des radicalisations violentes et du risque contreproductif de n’en traiter qu’une, dans un contexte de plus en plus fort de polarisation sociale. Ce contexte de polarisation de la société n’épargne pas les familles et communautés au sens large et peut lui-même produire des radicalisations. Il n’épargne pas non plus les professionnels et institutions, et plus largement l’ensemble des acteurs de la société. Pour tenter de répondre à cette problématique, l’auteure soumet un dispositif de co-intervention entre familles et professionnels au regard extérieur, et l’interroge en tant que dispositif de résilience collective.
Paru dans la revue Pensée plurielle, n° 51, 2020, pp. 57-66.
Mots clés : Jeunesse-Adolescence, Radicalisation, Passage à l'acte, Violence, Adolescent, Psychanalyse
Œil de pin, bois de chauffe doué de la parole. Le Pinocchio de Collodi (1883), conte la « course-pour-la-mort », la séduction des liens adulte/enfant et une forme de fraternité dans l’ânerie qui nous intéresse particulièrement chez ces jeunes qui partent, que le voyage soit réel ou virtuel, soit une dimension structurale propre à l’adolescence de quitter un corps, un lieu, un idéal. Et si ce corps est à quitter, c’est parce que l’anatomie fait toujours destin. En ce sens le repli identitaire s’articule avec la clinique de l’identification. Geppetto représente ce père à la fois sourd et aimant. Cette déconnaissance à l’égard des siens n’est pas seulement l’épiphénomène d’un échec familial, mais surtout la marque d’un acte réussi d’en être enfin… et ce pour un temps relativement court. Il faut donc s’attarder sur leur façon de vivre leur vie pour qu’elle en vaille la peine. Une vie avant la mort !
Lesdits « radicalisés » ne sont pas exceptionnels. Ce sont principalement des adolescents dont la complexité des trajectoires individuelles et familiales peut entraver la nécessaire séparation d’avec l’enfance pour se construire un devenir adulte. La clinique nous fait découvrir la multiplicité des stratégies possibles de l’adolescent prisonnier de ce dilemme. L’article analyse le cas d’une jeune fille aux prises d’un héritage familial traumatique et de sa propre régression archaïque, qui tente une séparation physique avec le vœu inconscient de parvenir à se séparer enfin psychiquement. Mais les séparations physiques, même radicales, ne favorisent, au contraire, que séparation sans séparation.
Article de Jennifer Vasile, Amira Karray, Daniel Derivois
Paru dans la revue Dialogue, n° 222, décembre 2018, pp. 107-120.
Mots clés : Jeunesse-Adolescence, Radicalisation, Adolescent, Crise, Autorité, Filiation, Identification, Transmission, Réinsertion sociale, Famille, Société, Vulnérabilité, Prise en charge
Cet article a pour but d'étudier la trajectoire identificatoire des jeunes concernés par le phénomène de radicalisation en France. A travers le discours de trois adolescents et de leurs parents, il interroge les contextes familial et sociétal dans lesquels la question de la "radicalisation" s'invite. L'analyse d'entretiens de recherche semi-directifs met en évidence une crise de l'autorité qui fragilise la transmission et amène une difficulté pour les adolescents à prendre place dans leurs filiations. En attente de normativité, le processus de radicalisation s'inscrit dans leur trajectoire comme une fonction palliative d'une autorité défaillante dans les familles et les structures formelles et informelles de notre société hypermoderne. Une démarche pluridisciplinaire et coordonnée est aujourd'hui indispensable pour proposer des prises en charge qui permettront le désengagement idéologique extrémiste violent, tout en garantissant leur bonne réinsertion sociale.
À partir de leur expérience de psychologues dans le champ de la prévention de la radicalité, les auteurs formulent des hypothèses concernant les fonctions psychiques de la radicalisation pour des adolescentes en grande souffrance psychique ayant subi des traumatismes intra et intergénérationnels. Les auteurs évoquent tout particulièrement les cas de jeunes filles pour qui la radicalisation serait une tentative de résolution identitaire en lien avec des traumatismes touchant les liens mère/fille. Ces hypothèses théorico-cliniques et l’analyse des souffrances psychiques et des troubles manifestés conduisent les auteurs à ouvrir sur des préconisations en matière d’aide à apporter.
Une clinique des radicalités dans le champ de la prévention et du traitement des extrémismes violents amène l’auteur de cet article à rencontrer de nombreux adolescents et jeunes adultes vulnérables. Ils établissent des liens entre violences et souffrances, historiques et actuelles, non prises en compte par le collectif. Les violences subies par les générations précédentes, notamment lors de la guerre d’Algérie, à défaut d’être clairement reconnues, subsistent de nos jours dans un sentiment d’abandon, voire une détresse psychique, qui amène les adolescents à s’identifier aux jeunes de leur quartier de banlieue victimes de violences contemporaines, notamment lors d’affrontements avec la police. Au risque de la mort, la rupture radicale semble émerger, pour ces adolescents, comme seul remède au sentiment de désubjectivation contemporaine, en miroir avec les expériences passées de domination et d’exclusion.