Les éducateurs de jeunes enfants (EJE) sont des travailleurs sociaux atypiques : ils exercent pour leur majorité dans des crèches, c’est-à-dire des établissements qui fournissent une prestation de service aux familles et qui répondent ainsi à leur besoin de garde. On peut donc s’interroger sur ce qui fait d’eux des travailleurs sociaux et à qui ces pratiques sociales sont destinées. Construites à la crête entre l’éducatif, le sanitaire et le social, l’identité professionnelle des EJE semble bousculée par ces questions qui laissent peu de place à des pratiques institutionnalisées. Pour autant, n’est-ce pas dans une évolution de la représentation des fonctions d’une crèche que peuvent se jouer ces transitions et laisser advenir des propositions jusqu’ici marginalisées ?

Notre étude qui portait sur l’incidence d’éventuelles convictions religieuses d’assistants de service social en matière de relation d’aide et d’interactions aux collègues, a suscité d’importants blocages institutionnels. Les réponses recueillies pointent trois grandes modalités de résolution de la tension de neutralité, spécifiques aux profils de fonctionnaires laïques assumés, croyants laïques et croyants pratiquants, tissant divers accordages avec les fondamentaux technico-éthiques de leur profession.