PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Cet article propose de quantifier l’importance relative des différents déterminants du sentiment d’exclusion identifiés dans la littérature. En s’appuyant sur le volet 2018 de l’enquête « Statistiques sur les ressources et les conditions de vie » (« SRCV ») de l’Insee, il montre que l’assistance, telle que définie par la perception de transferts sociaux par les ménages, n’a pas d’effet additionnel sur le sentiment d’exclusion, une fois l’éloignement du marché du travail, le pays de naissance, la pauvreté matérielle et l’isolement géographique des individus pris en compte. En cela, ses résultats contribuent à éclairer le débat présent dans la littérature, en rejetant l’hypothèse selon laquelle l’émergence du sentiment d’exclusion serait avant tout imputable à la situation d’assistance qui unit l’individu à la société.
Paru dans la revue Vie sociale, n° 41-42, juin 2023, pp. 143-151.
Mots clés : Action sociale : cadre institutionnel et juridique, Intercommunalité, Développement local, Solidarité, Pauvreté, Territoire
Les métropoles sont une construction juridique récente dans l’histoire de notre pays. De gestionnaires d’infrastructures et de réseaux (eau, assainissement, déchets, voirie), les intercommunalités ont assumé au fil des réformes des responsabilités de plus en plus marquées en matière de services de proximité et de politiques de solidarité. La politique de la ville, le déploiement de tarifications sociales, l’émergence de centres intercommunaux d’action sociale ou, plus récemment, le déploiement à l’échelle intercommunale des conventions territoriales globales traduisent un tel mouvement vers la « métropole sociale ».
Contre le modèle dépassé d’une métropole exclusivement tournée vers l’attractivité et le rayonnement international au risque de mettre en avant les concurrences entre territoires, les modèles actuels de développement des métropoles voient la montée en puissance de leur rôle en matière d’insertion et d’emploi, d’inclusion et plus globalement de cohésion sociale et territoriale, et ceci parfois au-delà de leur seul périmètre administratif puisque le législateur leur assigne une responsabilité spécifique dans le développement du territoire régional.
Cet avènement de la métropole comme acteur concret de la solidarité doit être pleinement reconnu et revendiqué. Cette nouvelle place doit permettre non pas de faire monter les oppositions, en particulier avec les communes et les départements, dont le rôle social est historiquement reconnu, mais plutôt de faciliter les articulations, les coordinations, et parfois les délégations de responsabilités pour optimiser l’action publique en matière de solidarité.
Article de Sylvia Garcia Delahaye, Lavinia Johnson, Khaled Ibrahim Baba, et al.
Paru dans la revue Écrire le social, n° 5, août 2023, pp. 72-86.
Mots clés : Lien social-Précarité, Pauvreté, Enfant, Recherche, Participation, Photographie, Vidéo, Méthodologie, Inégalité, Participation des usagers, Suisse
Cette contribution s’intéresse à la problématique de la pauvreté infantile à partir de l’analyse des résultats intermédiaires d’une recherche en cours menée avec de jeunes co-chercheur-e-s. L’absence de la prise en compte de la parole des enfants et des jeunes dans les critères et les dispositifs actuels visant à appréhender la pauvreté en Suisse est au cœur des choix méthodologiques de cette recherche. Cet article propose une réflexion sur la place des jeunes co-chercheur-e-s dans la définition et l’analyse de la pauvreté et des inégalités qui lui sont associées, ainsi que sur les conditions de construction de connaissances nouvelles sur cette thématique, au moyen de la valorisation de leur voix et des productions artistiques (photographies et vidéos) de jeunes participant-e-s.
Paru dans la revue Empan, n° 129, mars 2023, pp. 88-94.
Mots clés : Santé-Santé publique, Accès aux soins, Santé, Lieu de vie, Isolement, Témoignage, Accueil, Télémédecine, Pauvreté, Adaptation, Travailleur social, Peur, Contrôle, Covid-19, Toulouse
La pandémie de Covid et le premier confinement ont été une épreuve pour les salariés et usagers du centre de santé communautaire de Toulouse. Une médecin généraliste en témoigne, insistant sur le maintien de l’accueil inconditionnel des usagers et l’adaptation aux conditions du moment. Les pratiques de médecine à distance doivent prendre en compte les réserves des patients d’origine populaire à « s’autoriser à dire le mal » qui les affecte et à « avouer sa peur ». Ce témoignage rappelle que le corps souffrant n’est pas qu’une image et que l’ordre sanitaire ne doit pas prendre le pas sur le droit.
Pour le centre de santé communautaire de Toulouse, la pandémie de Covid et le premier confinement qui lui est associé sont une épreuve pour ses salariés et usagers, dont les déterminants sociaux de santé sont gravement compromis. Une de ses médiatrices en témoigne. Elle insiste, d’une part, sur les contraintes inhérentes aux conditions de travail en santé à distance et, d’autre part, sur les peurs et la faim générées par la période traversée dans la douleur. Enfin, elle termine en condamnant les confusions entretenues entre santé publique et ordre public.
Cet article se propose de revenir sur la période du premier confinement dans le secteur de l’accueil-hébergement-insertion à partir d’une plate-forme numérique de recueil de récits de confinement de personnes en situation de précarité par leurs pairs. Au travers des témoignages postés sur cette plate-forme et d’un retour d’expérience des principaux acteurs, professionnels et personnes accueillies/accompagnées, il met en évidence les effets du confinement et du déploiement des mesures sanitaires et sociales auprès des personnes en situation de pauvreté. Il fournit également des pistes de réflexion sur l’effet de l’expertise d’usage sur les politiques publiques et la construction d’une démarche et d’une parole collectives.
Cet article fait le point sur un problème majeur de santé publique : l’augmentation constante depuis trente ans du surpoids et de l’obésité. Si ce phénomène s’avère bien plus inquiétant encore dans le monde anglo-saxon, les stratégies de prévention et de traitement sont à certains égards plus développées. À travers deux exemples, la restauration scolaire et les ateliers cuisine proposés aux personnes en situation de grande pauvreté, l’auteur fait ressortir quelques traits saillants de ces différentes approches.
Le renoncement aux soins participe des inégalités sociales de santé. Il a été beaucoup étudié sous l’angle du coût des soins. Or des études qualitatives pointent aussi l’impact des liens sociaux sur les comportements de santé. L’objet de cet article est de mesurer les différents déterminants du renoncement à partir de l’enquête statistique sur les ressources et les conditions de vie des ménages (SRCV) de 2013, comportant un module spécifique sur les contacts sociaux. Nous modélisons d’abord la probabilité de renoncer à des soins quel qu’en soit le motif, en fonction de différents types de ressources, économiques et sociales, puis nous estimons ce même modèle sur trois types de renoncement : pour raisons financières, logistiques ou pour d’autres raisons. Toutes choses égales par ailleurs, être pauvre en conditions de vie multiplie par six le risque de renoncer à des soins pour raisons financières, mais joue également positivement sur les deux autres types de renoncement. Plus la personne cumule des difficultés de sociabilité, plus elle est susceptible de renoncer à des soins, quel que soit le motif de renoncement, révélant l’importance des ressources sociales au-delà des ressources économiques.