PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 2, pp. 181-205.
Mots clés : Éducation, Sociologie, Valeur, Modèle, Famille, Relation, École, Enseignant, Professionnel de l'enfance, EDUCATEUR
Selon de nombreux sociologues, on assiste depuis 1970 à un mouvement de transformation des moeurs familiales caractérisées par l'émergence à la fois d'un nouveau régime familial (une famille « relationnelle » basée sur une forte affectivité où chaque partenaire jouit d'une grande autonomie) mais aussi d'un nouveau modèle de savoir éduquer (fondé sur une autorité plus souple, négociée entre parents et enfants). Or, du fait de leur diffusion sociale inégale, ces transformations des moeurs alimentent des malentendus, dans la rencontre qui se noue au quotidien entre professionnels de diverses instances éducatives et certaines familles populaires à faible capital scolaire. En se basant sur divers matériaux (entretiens qualitatifs, analyse de dossiers), cet article vise à mieux comprendre ceux-ci en montrant ce qu'ils doivent à la position sociale des acteurs en question.
Paru dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales, n° 184, septembre 2010, pp. 72-89.
Mots clés : Enseignant, Individualisme, Autonomie, Évolution, Enquête
Evoquer la « montée de l'individualisme » ou l'existence d'un nouveau système normatif, fondé sur l'appel à l'autonomie et le travail en réseau, n'est guère convaincant pour comprendre les transformations de l'univers professionnel enseignant, où existent de longue date des formes spécifiques d'individualisme et des traditions pédagogiques centrées sur la valorisation de l'autonomie personnelle. Pour rendre compte des spécificités de cet univers et des transformations qui l'affectent actuellement, on analyse ici ce qui se joue au moment où de nouveaux venus entrent dans la profession, à partir des résultats d'une enquête par questionnaire croisant des éléments relatifs aux trajectoires des néo-enseignants, à leurs premières expériences du métier et aux représentations qu'ils se forment de leur avenir personnel et professionnel. On met ainsi à jour une forme spécifique d'individualisme qui relève davantage d'un certain relativisme politico-institutionnel et d'une sorte de primat accordé à la sphère professionnelle immédiate ou à la sphère privée, plutôt que d'une conception proprement utilitariste. Ce rapport à soi-même et aux autres peut tout aussi bien jouer comme forme de résistance aux injonctions institutionnelles que comme entrave à l'organisation collective.
En analysant les victimations subies par les professeurs des écoles, on ouvre la possibilité d'établir une dépendance marquée entre l'expérience de la violence et l'idéologie professionnelle, les pratiques et la position professionnelle. Les situations de violence sont déjà des conflits de légitimité avec les parents, exacerbés par la perte de prestige et la transformation du statut d'enseignant vers celui de prestataire de service. Les enseignants les plus sensibles à un déficit de reconnaissance sociale et en quête d'une solidarité professionnelle, les plus éloignés du principe d'éducabilité et prompts à renvoyer l'enfant et sa famille au déficit de socialisation sont les plus enclins à expérimenter les relations avec les élèves et surtout avec les parents d'élèves dans le registre de la violence. Cette étroitesse des liens entre un rapport au métier empreint de dégradation et une perception des incidents en violence est absorbée par une nouvelle génération de professeurs des écoles comme la normalité du travail enseignant devenu un métier à risque.