Article de Baptiste COULMONT
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 54, n° 3, juillet-septembre 2013, pp. 465-506.
Mots clés : Soutien scolaire, Secteur privé, Famille, Besoin, Demande, Inégalité, Sociologie, Statut social
À l'appui d'une exploitation de la partie « Éducation et famille » de l'« Enquête permanente sur les conditions de vie des ménages » (EPCV, Insee, octobre 2003), la demande de cours particuliers en France est étudiée en considérant ces cours en comparaison avec deux autres formes de shadow education - soutien gratuit et aide des proches - et dans leurs relations avec les autres actes et attitudes participant au façonnement familial des scolarités. L'article avance tout d'abord que les cours particuliers s'inscrivent, d'une part et à la différence du soutien gratuit, dans un halo de pratiques participant à la construction familiale d'un avantage sur la scène scolaire, construction associée à une forte dotation en capitaux scolaire et économique, et qu'ils participent, d'autre part et à l'instar du soutien gratuit, d'un mouvement d'externalisation de l'aide étroitement lié à la configuration du ménage. Le besoin de remédier à des difficultés scolaires perçues et les possibilités matérielles de recours apparaissent ensuite centraux dans la saisie des traits saillants de la population recourant aux cours particuliers.
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Article de Pascale DIETRICH RAGON
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 54, n° 2, avril-juin 2013, pp. 369-400.
Mots clés : Logement, Classe sociale, Pauvreté, Logement insalubre, Statut social, Interaction, Sociologie, PARIS
À partir de l'exemple des occupants de logements dégradés parisiens, cet article s'intéresse à l'importance de l'habitat dans les mécanismes de classement social et aux interdépendances entre les positions sociales et résidentielles chez ces personnes précaires. L'occupation d'un logement disqualifié implique une dégradation du statut dans la société, surtout pour les personnes qui font l'expérience du « déclassement résidentiel » (i.e. ne parvenant pas à se loger convenablement malgré leur relative intégration, en raison de la conjoncture immobilière). Loin d'être passifs, les mal-logés tentent de lutter contre cette déchéance et aspirent à un reclassement tant résidentiel que social grâce au logement social. Cependant, pour les plus démunis, le relogement peut être porteur d'un certain malaise quand il s'accompagne d'un « surclassement résidentiel », c'est-à-dire lorsque le statut social n'est pas « à la hauteur » du nouveau statut résidentiel. Dans leur cas, les positions résidentielle et sociale fonctionnent comme des vases communicants : contraints d'arbitrer entre logement et consommation, il leur est impossible de s'élever dans l'une des hiérarchies sans se voir rabaisser dans l'autre. Ordres social et résidentiel sont donc étroitement imbriqués et toute modification dans l'un des ordres non suivie d'une modification similaire dans l'autre ordre a des effets psychologiques et sociaux importants.
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Article de Bertrand PULMAN
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 53, n° 4, octobre-décembre 2012, pp. 623-649.
Mots clés : Inceste, Théorie, Sociologie, Psychanalyse, Débat, Inconscient, Culture, Interdit, Transgression, Désir, Loi, Statut social, Sciences humaines et sociales, WESTERMARCK (EDWARD), DURKHEIM (EMILE), FREUD (SIGMUND)
En 1891, le sociologue finlandais Edward Westermarck publie The history of human marriage, considéré comme l'un des textes fondateurs des études modernes sur la famille dans la mesure où il rompt nettement avec certains présupposés évolutionnistes. Dans cet ouvrage, Westermarck affirme que la prohibition de l'inceste provient d'une aversion innée pour les rapports sexuels entre les personnes ayant vécu ensemble depuis leur prime jeunesse. Très vite, cette affirmation a été contestée, notamment par Emile Durkheim et Sigmund Freud. Il en a résulté une importante discussion, constituant l'une des matrices des débats sociologie/psychanalyse. Nous restituons ici le déroulement et la configuration de cette controverse, pour en dégager ensuite les principaux enjeux : la signification inconsciente de la crainte de l'inceste, la dimension culturelle de la prohibition, le statut social de la transgression. Ceci conduit à souligner les différences dans le traitement de la thématique de l'inceste, non seulement entre les sciences sociales et la psychanalyse, mais aussi à l'intérieur des sciences sociales, entre la sociologie et l'anthropologie. L'aspect nécessairement transférentiel d'une telle problématique est mis en relief.
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Article de François BRUN, Delphine CORTEEL, Jérôme PELISSE
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 53, n° 3, juillet-septembre 2012, pp. 429-459.
Mots clés : Licenciement économique, Sociologie, Expertise, Accompagnement, Politique de l'emploi, Formation professionnelle, Insertion professionnelle, Travail, Chômage, Statut social, Identité sociale, Expérience, Biographie, CTP, CONTRAT DE TRANSITION PROFESSIONNELLE, CONSEILLER EN INSERTION PROFESSIONNELLE
Ancré dans une recherche collective portant sur le rôle de l'expertise dans les politiques sociales, l'article se centre sur l'activité d'accompagnement, comme mode de jugement et d'interaction avec autrui, d'agents travaillant dans le cadre de l'un de ces multiples dispositifs expérimentaux qui marquent la politique de l'emploi. Le contrat de transition professionnelle incarne toutefois une expérimentation innovante et singulière, placée à bien des égards sous les feux de l'actualité nationale. L'expertise singulière des accompagnateurs se manifeste dans les manières dont ils agencent, successivement ou simultanément, empathie, objectivation et compréhension tout au long de leurs interactions avec les « adhérents ». Après avoir montré les possibilités offertes par le dispositif, nous mobilisons la sociologie de la perception proposée par Bessy et Chateauraynaud pour étudier la forme dominante d'expertise mise en oeuvre dans le dispositif. Nous introduisons ensuite des éléments de sociologie dispositionnelle afin de mettre en évidence les segmentations qui distinguent les agents entre eux. Notre contribution entend par là expliquer les oscillations et les régularités des formes d'expertise au regard des conditions de cette dernière et des profils et expériences, variés et polymorphes, des membres des cellules chargées de mettre en oeuvre le contrat de transition professionnelle dans les territoires concernés. L'attention à l'activité et aux interactions entre référents et adhérents permet de montrer comment s'opèrent concrètement les transformations en profondeur des normes et des conventions du travail, de l'« emploi à vie » à l'« employabilité durable ».
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Article de Jean François MIGNOT
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 51, n° 2, avril-juin 2010, pp. 281-320.
Mots clés : Couple, Âge, Différence, Mariage, Sociologie, Statistiques, Statut social, Modèle, Interaction, Niveau scolaire, Catégorie socioprofessionnelle
Pourquoi, dans la quasi-totalité des sociétés humaines connues, les hommes sont-ils en moyenne plus âgés que leur conjointe ? Et comment - et pourquoi - l'écart d'âge moyen entre conjoints varie-t-il avec le développement socioéconomique (au fil du temps aussi bien qu'entre sociétés) et, entre couples, avec les âges des hommes et des femmes à la mise en couple, ainsi qu'avec la position sociale des hommes ? Pour le savoir, nous proposons une revue de la littérature empirique internationale sur le sujet, ainsi qu'un modèle explicatif indiquant quelles seraient les « bonnes raisons » que pourraient avoir les individus de former des couples comportant un écart d'âge entre conjoints au profit de l'homme. Un test empirique de ce modèle explicatif portant sur les couples formés en France entre 1978 et 1998 suggère que ce dernier possède un bon pouvoir explicatif, même si, en lui-même, il ne permet pas d'expliquer l'inversion du gradient social de l'écart d'âge entre conjoints survenue dans la seconde moitié du XXe siècle, qui est sans doute due à la prolongation de la scolarité des hommes.
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