Article de Annalisa LENDARO
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 54, n° 4, octobre-décembre 2013, pp. 779-808.
Mots clés : Immigré, Génération, Analyse comparative, Inégalité, Politique, Immigration, Projet de vie, Évolution de carrière, Emploi, Évolution
Cet article présente une comparaison entre les parcours biographiques d'individus appartenant à deux générations de migrants, dont la distinction se fonde sur la temporalité de l'expérience migratoire. Il se propose d'apporter un éclairage sur les inégalités qui touchent plus particulièrement deux générations d'immigrés actifs ayant quitté leur pays pour s'installer en France : la première cohorte est constituée d'immigré-e-s arrivé-e-s au début des années 1980, la seconde se réfère à des individus ayant migré dans les années 2000. L'analyse des parcours permet, in fine, d'expliciter de quelle manière l'évolution des politiques migratoires infléchit les projets de vie, tout en jouant un rôle saillant dans l'accès aux droits sociaux et dans l'évolution de carrière d'hommes et de femmes immigrés, dans un contexte de progressive fragilisation du statut salarial.
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Article de Camille PEUGNY, Cécile VAN DE VELDE
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 54, n° 4, octobre-décembre 2013, pp. 641-664.
Mots clés : Sociologie, Inégalité, Génération, Jeune, Conflit, Marché du travail, Emploi
Par une mise en perspective de ses apports et de ses limites actuelles, cette introduction tente d'ouvrir la voie à un renouvellement de la sociologie des inégalités entre générations. Une première partie revient sur l'émergence et l'évolution du concept même de « génération » en sociologie tout au long du XXe siècle : avant d'être approchée par le prisme des « inégalités », la génération a prioritairement été définie comme élément moteur du changement social et culturel, investie sous l'angle de la « conscience » dans les travaux de Mannheim, puis sous celui des « valeurs » dans les travaux des années 1950 et 1960. La seconde partie met en perspective la montée du thème des inégalités entre générations, portée par le grand retournement des années 1970 qui affecte durablement les conditions dans lesquelles les jeunes entrent sur le marché du travail. Au-delà de ces difficultés croissantes dans le champ économique, les jeunes générations semblent tenues à l'écart des positions dominantes et des leviers du changement social, ce qui nourrit les discours autour de l'existence d'une « génération sacrifiée ». Tout en soulignant l'importance des acquis de ces travaux, une troisième partie en révèle quelques limites et appelle à l'ouverture de nouveaux fronts de recherches : penser l'articulation entre plusieurs générations pour sortir de l'opposition entre deux générations, celle des premiers-nés du baby-boom, et celle née dans les années 1960 ; penser ensemble inégalités inter- et intragénérationnelles ; articuler inégalités sociales et solidarités familiales entre générations ; poser la question d'une éventuelle conscience de génération et de ses manifestations politiques. Cette introduction se termine par une présentation des articles du numéro spécial qui, sur chacun de ces fronts de recherche, soumettent de nouveaux éléments au débat scientifique.
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Article de Louis CHAUVEL
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 54, n° 4, octobre-décembre 2013, pp. 665-707.
Mots clés : Inégalité, Génération, Recherche, Méthodologie, Indicateur, Analyse comparative, ETATS UNIS D'AMERIQUE
En revenant aux sources théoriques de la question générationnelle, l'importance de deux notions centrales, spécificité et permanence des effets de cohorte, est soulignée et donne lieu à un nouveau modèle APCD et à un test d'hysteresis destiné à repérer des effets de cohorte durables : un scarring effect, une cicatrice cohortale. Une comparaison franco-américaine des niveaux de vie est développée par cohorte mobilisant les données de 1985 à 2010 du Luxembourg income study (LIS) et des Statistics on income and living conditions-Eurostat (EU-SILC). En France, les inégalités nettes de générations (tenu compte des contextes démographiques et éducatifs, notamment) sont de même ampleur que les inégalités liées au statut d'immigré ; les bénéficiaires sont les cohortes nées autour de l'année 1950. Ce phénomène ne décline pas en intensité avec le temps. La dynamique américaine est antithétique, ce qui peut s'expliquer par les différences des welfare regimes français et américain. La France est donc marquée par de profondes inégalités intergénérationnelles.
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