Sans doute la thématique de ce numéro du Sociographe n’est-elle pas très orthodoxe.
Mais cela n’est guère étonnant pour une revue qui préfère accommoder des questions saugrenues, insolites, voire insolentes, plutôt que de s’accommoder de réponses convenues et de propos étanches à toute forme d’originalité. De plus, en une époque où l’on observe le déploiement de phénomènes – conduites, événements, attitudes, etc. – que le penseur camerounais Achille Mbembe a rassemblés sous le terme de brutalisme, il n’est pas extravagant de souhaiter réfléchir au statut du recours, dans différentes situations, à des énoncés relevant du registre de l’injure ou de l’insulte. Car si, dans bien des cas, « la tentation de la violence par le verbe ou par les actes est plus forte dans un monde en perte de repères et de valeurs sur fond de sinistrose », cela n’est pas sans lien avec le fait que certaines personnes subissent, « dans des univers soi-disant moraux, institutionnels ou de grandes entreprises », tant de « médiocrités irresponsables », ainsi que le postule la philosophe Cynthia Fleury dans un article récent .