La démocratie, selon Dewey, n’est pas un mode de vie parmi d’autres. C’est le seul mode de vie véritablement humain possible. Ce mode de vie démocratique est la fin par rapport à laquelle les institutions, les lois, les règles de fonctionnement politique, « la machinerie politique » ne sont que des moyens. Si importants qu’ils soient, ils doivent rester à leur place. Cette subordination des moyens « politiciens » ou « simplement politiques » au service de l’idéal démocratique singularise fortement Dewey. Il a également eu pour objectif constant de renforcer les « habitudes démocratiques » dans tous les domaines, entendant par là le recours prudent à l’expérience en toute chose plutôt que l’attachement maladif de chacun à ses propres croyances et préjugés. En cela, il s’inscrit dans la continuité d’Aristote – qui pense l’autogouvernement –, de Thomas Jefferson – qui souhaitait ancrer les modes de vie démocratiques dans la culture de la terre, dans la ferme et le fait de conduire librement sa propre vie –, ou encore de Tocqueville – qui assume l’importance des mœurs démocratiques pour la solidité des lois.