Une maison-taudis, un quartier déconsidéré, l’autoritarisme et le désengagement d’un père dans l’éducation de son fils, la violence du premier instituteur et, à la veille des années 60, le mépris de classe de nombreux enseignants, puis la honte.
L’heure de la revanche a sonné, en 1967, avec l’avènement du métier d’éducateur spécialisé. L’envie de prendre sa revanche sur la vie a-t-elle représenté un moteur pour s’engager dans un métier altruiste ?
L’auteur se raconte : enfance, adolescence et parcours professionnel. Récit prolongé par des conversations avec des compagnons de route. Il en ressort une dimension pédagogique conduisant chacun à se demander, à travers ce qui nous est arrivé : « Des liens pourraient-ils exister entre les blessures d’antan et le choix d’un métier de la relation ? »

En mettant en parallèle ses souvenirs d'enfant placé en institution et ses expériences professionnelles, Christian soulève les sujets qui le questionnent dans son quotidien d'éducateur : affectivité dans la relation avec l'enfant, postures professionnelles, incarnation de l'autorité, gestion de groupes en institution, implication des enfants et prise en compte de leur santé mentale. Avec la nuance qui permet une réflexion toujours constructive, l'auteur questionne les us du métier, ainsi que ses pratiques professionnelles sans jamais condamner ni juger.
La participation du dessinateur Pavo à l'illustration du livre embellit d'autant plus ce témoignage.

Ce récit vivant écrit à la première personne donne une vue globale de la protection judiciaire de la jeunesse qui intègre l’ensemble des acteurs concernés par l’accompagnement éducatif : les équipes éducatives, les partenaires, les familles des jeunes.
« Révéler l’humanité du môme derrière l’acte délictuel réprimé, voilà la quête permanente mais usante de tout éduc de la Protection judiciaire de la jeunesse. La dissonance cognitive m'a parfois paralysée devant l'inversion des valeurs de leurs discours dénués de remords. Je regrettai presque de leur trouver tant de circonstances atténuantes. Je claudiquai, luttant entre deux forces contraires, oscillant entre cœur et raison, foi et résignation. Et il suffisait alors parfois d’un sourire authentique, d’un rire tonitruant, de sanglots désespérés, d’excuses ou d’efforts sincères pour que je me mette à y croire à nouveau. J’expérimentai l’ambivalence, le tiraillement, le syndrome du professionnel secoué. Ce douloureux apprentissage intime et collectif de la désillusion permet paradoxalement à l’éducateur et à l’équipe de trouver l’équilibre dans un univers toujours sur le fil du rasoir. »
Dans ce récit écrit à la première personne, Sophie Moreau explore la dimension collective de la relation éducative dans un foyer de la PJJ. Elle porte un regard aigu sur les difficultés du travail en équipe, sur les illusions d’un accordage des visions éducatives selon le seul intérêt de l’enfant, sur la singularité de la place de la « femme-éducatrice » auprès de groupes d’adolescents essentiellement composés de garçons, sur les liens entre la délinquance et la psychiatrie pour des mômes aux parcours chaotiques, sur l’impact des vécus parentaux sur le devenir de ces mineurs... tout en proposant une réponse éducative « décalée » au quotidien.