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Article de Marie France Lange, Ernestine Narame, Farinaz Fassa, et al.
Paru dans la revue Education et sociétés, n° 49, 2023/1, pp. 5-147.
Mots clés : Accompagnement de la personne et identité, Ecole-Enseignement, Scolarisation, Genre, École, Fille, Éducation, ASE, Élève, Mixité, Inégalité, Égalité des chances, Discrimination, France, Suisse, Rwanda, Niger, Bénin, Québec, Sénégal
Ce dossier questionne la scolarisation au regard de la problématique du genre. Les inégalités entre filles et garçons sont interrogées par l’étude des formes qu’elles prennent, les origines et modalités de leurs constructions, les moyens de lutte mis en œuvre. Prendre en compte les recherches portées par la sociologie de l’éducation et de la formation dans les pays dits du Nord ou ceux du Sud et l’apport des travaux menés dans ces derniers peut favoriser la mise en œuvre d’approches heuristiques mais peu connues. Les méthodologies et orientations théoriques sont variées en raison de terrains différents (Bénin, France, Niger, Québec, Rwanda, Sénégal et Suisse), mais aussi de thématiques et d’approches singulières, reposant souvent sur des matériaux empiriques originaux.
La perspective internationale stimule un regard neuf sur des environnements sociaux, politiques et culturels divers et des organisations scolaires aux histoires particulières. Les inégalités constatées interrogent le système de genre en vigueur, qui socialise chaque enfant à devenir femme ou homme en influant sur sa destinée scolaire au-delà du rôle de l’école. Les articles invitent à découvrir des terrains peu connus des sociologues de l’éducation travaillant au Nord et à mettre en perspective les résultats de recherches situées dans des environnements contrastés, mais qui finalement signalent les mêmes types de discriminations et les mêmes difficultés à transformer les relations de genre. Là où les filles affichent de meilleurs résultats que les garçons, les écarts se déplacent sur le plan des filières suivies et des moindres réussites professionnelles. Au Nord, les femmes obtiennent de plus en plus de droits, même si certains peuvent être remis en cause du fait des mouvements masculinistes. Au Sud, le fossé entre les réussites scolaires des filles et leurs droits familiaux, politiques, sociaux ou économiques a été peu comblé. Si l’expansion de l’éducation des filles augmente, les options sociales et professionnelles des femmes ne modifient pas fondamentalement les relations de genre et de pouvoir.
Sur la base d’interviews et d’observations dans des collèges et lycées, cet ouvrage montre comment les violences entre élèves sont liées à des modèles de virilité et de refus du féminin, et comment les adultes, tout en luttant contre ces violences quand elles sont transgressives, ont tendance à soutenir le système hiérarchique qui les fonde, sans le savoir et en dépit de leurs intentions.
Les violences genrées entre élèves fondent un fonctionnement hiérarchique à deux niveaux. Entre garçons, et dans une moindre mesure entre filles, on observe une hiérarchie instable où le statut de chacun est mis à l’épreuve dans chaque interaction. Entre garçons et filles, il s’agit de l’emprise stable d’un groupe sur l’autre. Ce système se manifeste crûment en milieu populaire et sous une forme plus euphémisée dans un milieu social privilégié. L’observation des adultes met en évidence comment dans les interactions quotidiennes, ce fonctionnement hiérarchique entre élèves est plutôt soutenu que vraiment combattu par l’institution, malgré les intentions explicites et les efforts incontestables de tous et toutes, ou presque.
Les enfants sont souvent appréhendés comme un groupe social homogène et leurs conflits ordinaires sont peu étudiés. Une enquête ethnographique menée pendant un an dans une école ariégeoise auprès d’une classe de CM2 permet de porter un regard plus attentif aux conflits entre filles et à leur rôle au sein des pairs, en tenant compte de la structure des relations sociales. Dans ce travail, les modalités de conduite des conflits sont reliées aux modes de socialisation des enfants et à leurs ressources sociales, analysées à partir des pratiques corporelles (activités ludiques et apparence corporelle) développées en cour de récréation. Cette étude met plus particulièrement au jour le rôle des dispositions agonistiques au sein des rapports sociaux enfantins et dans le processus de hiérarchisation des filles.